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sábado, 20 de agosto de 2016

Le conflit entre républicains et nationalistes qui a déchiré l’Espagne entre 1936 et 1939

Le conflit entre républicains et nationalistes qui a déchiré l’Espagne entre 1936 et 1939, dont l’histoire a été falsifiée sous le franquisme, a été largement ignoré par les gouvernements ultérieurs. Aujourd’hui, une campagne mémorielle vise à ouvrir le premier musée international qui rendra compte de toutes les versions de l’histoire.

LE HUFFINGTON POST

Par une matinée ensoleillée de début mai, un petit groupe se rassemble à l’entrée du Fossar de la Pedrera, “la fosse de la carrière”, au cimetière de Montjuïc, aux portes de Barcelone. Il y a là des gens de tous âges et de toutes conditions. Une vieille dame élégante, accompagnée de son fils, serre entre ses mains un bouquet de fleurs. Un père et sa fille adolescente attendent patiemment. Une autre femme s’efforce de calmer un chihuahua qui frétille dans ses bras sans lâcher son ombrelle.

Le Fossar est relativement difficile d’accès depuis la ville. Caché derrière un cirque d’immenses falaises de pierre blonde, il figure rarement sur les itinéraires touristiques. Les Barcelonais ne le fréquentent que très peu, mais une fois par mois on voit de petites troupes serpenter d’un pas digne entre les plaques et les monuments, ralentissant pour attendre ceux qui s’attardent devant un nom ou une épitaphe.

Un ensemble commémoratif
C’est un lieu de recueillement. En 1939, après la fin de la guerre d’Espagne, les cadavres de 1 700 républicains sommairement exécutés par les phalangistes du général Francisco Franco – des soldats, des civils, des gens surpris au mauvais endroit au mauvais moment – ont été chargés sur des charrettes dans le centre de Barcelone et déversés ici pêle-mêle, sans cérémonie. Leurs corps criblés de balles ont été jetés dans une fosse, puis recouverts de chaux vive pour accélérer leur décomposition.

En 1985, un ensemble commémoratif a enfin été construit sur ce site et, depuis quelques années, Nick Lloyd, un Anglais établi à Barcelone depuis vingt-huit ans, propose chaque mois des visites guidées en catalan. En de telles occasions, il finit en général par écouter au moins autant qu’il parle. Le Fossar de la Pedrera fourmille d’histoires trop longtemps tues.

Les noms des victimes
La dame au bouquet de fleurs est la petite-fille d’Eudald Coma Gironella, un juge de paix républicain originaire de la petite ville de Sant Vicenç de Torelló, à une heure de route de Barcelone. Il y a quelques mois encore, sa famille ignorait où reposaient ses restes. Puis des amis ont repéré son nom sur l’une des hautes colonnes où sont gravés les noms des victimes. C’est donc là qu’il gît. D’une voix étranglée, Rosa Vaqué Coma dit une prière pour ce grand-père fusillé deux ans avant sa naissance et s’inquiète de savoir s’il a au moins pu recevoir les derniers sacrements.

Quelques mètres plus loin, Alfons Vázquez Obiols montre à sa fille de 13 ans, Joanna, le nom d’Antonio Alcoverro Aliern, qui était agent de police à Barcelone au moment du soulèvement nationaliste.

“C’était le frère de ma grand-mère, explique-t-il. Il a témoigné contre un putschiste. Il a été obligé de le dénoncer. C’était son métier. Mais il n’était pas engagé politiquement. Quand Barcelone est tombée aux mains des fascistes, en 1939, Antonio a été arrêté. Ma tante allait tous les jours lui apporter son petit déjeuner à la prison. Puis un beau jour, on lui ...

[...] http://www.courrierinternational.com/article/espagne-1936-2016-le-douloureux-devoir-de-memoire