S'il fut un échec commercial, malgré les énormes moyens fort bien mis en oeuvre, ce film en deux parties demeure une référence historique ... pour ce qui est de l'ambiance, des décors, des costumes, et finalement, des événements.
Écrite à la gloire de la Nation et bien que d'une objectivité parfois relative, l'oeuvre de Robert Enrico est devenue incontournable pour tout professeur qui serait désireux d'intéresser ses élèves à la Révolution Française !
Richard Fremder
L'Histoire, les faits, les personnages
La première partie, Les Années lumières, débute par un fait peu connu des non-initiés : Camille Desmoulins et Maximilien Robespierre ensemble au lycée.
Puis, ellipse temporelle, on arrive à l'explication de la convocation des états généraux, demandée par Necker (se prononce «nècre»). Tout le cours de la Révolution, de ses événements les plus infimes aux moments les plus célèbres est ainsi déroulé, jusqu'à l'exécution de Robespierre, sous la direction historique de l'irréprochable Jean Tulard.
La chronologie est dans l'ensemble respectée même si l'on a affaire dans la majorité des cas à des images d'Epinal qui passent sous silence certains faits ou personnages dérangeants. Honneur au premier des personnages, Louis XVI. L'extraordinaire Jean-François Balmer campe un Louis XVI plus vrai que nature. Sa prestance et sa lassitude devant certains événements nous font comprendre à la fois l'homme et le roi. Cependant, son âge ne correspond pas vraiment puisque Louis XVI avait 35 ans en 1789.
Jane Seymour est une reine Marie-Antoinette acceptable, un peu trop jolie (mais c'est affaire de goût) et pas vraiment dans l'âge réel (34 ans en 1789). L'actrice n'arrive à la plénitude qu'au moment de l'incarcération au Temple. D'aucuns diront, à juste titre, qu'il en fut de même pour la vraie reine...
Le magnifique Peter Ustinov joue le célèbre marquis de Mirabeau, doublé par le non moins magnifique Roger Carel. Il est fidèle à la légende dorée... Excellent rôle, qui apporte une touche de légèreté et ce soupçon de grivoiserie très français. Ne pas rater l'expression «aller à confesse». Le très remarquable François Cluzet sera à jamais, l'incarnation de Camille Desmoulins. Il lui donne vie avec justesse, et juste ce qu'il faut de naïveté pour rendre ce personnage sympathique.
Le comédien Andrzej Seweryn, sociétaire de la Comédie Française, est saisissant de vérité et de justesse en Robespierre. C'est Klaus Maria Brandauer, grand comédien allemand (théâtre et cinéma) qui interprète notre Danton national. Il en a le brio, la verve, la fougue, mais pas le visage. Son jeu nous le fait oublier rapidement, mais force est de constater que le vrai était... laid. C'est un grand Danton cependant qui nous est montré ici. Encore un clin d'oeil ! Faire jouer La Fayette par un Américain (Sam Neil), l'idée est cocasse. La Fayette, le vrai, a 32 ans au moment de la Révolution. Ce n'est pas faire injure à Sam Neil que de dire qu'il n'est pas dans l'âge requis. Mais il tient son rôle, sans éclat, avec juste ce qu'il faut pour que ce personnage, curieusement, reste dans l'oubli historique français.
Mais plus que tous ces grands comédiens, ce sont surtout tous les seconds rôles, tout aussi géniaux, les Dominique Pinon (en Drouet), les Raymond Gérôme (en Necker)... qui donnent à ce film toute l'authenticité qu'il dégage. Les costumes ne sont pas neufs et bien repassés, donc font vrais ; les décors ne font pas faux, on peut presque respirer l'odeur de la rue et certaines scènes témoignent assez bien des horreurs commises au nom de la Liberté.
On regrettera néanmoins quelques arrangements et escamotages avec l'Histoire et certains personnages. Valmy ne fut pas une grande victoire, pour la simple et bonne raison qu'il n'y eu pas vraiment de bataille. Danton n'est pas qu'un homme honnête et amoureux de sa femme et de sa maison de campagne, et son intérêt pour l'argent (et certains trésors de la couronne ?) sont passés à la trappe. Certaines scènes prêtent un peu à sourire, dans l'exaltation des foules qui écoutent religieusement la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen descendue du ciel.
Vous l'aurez compris cependant, ce film est parmi ce qui se fait de mieux dans le genre historique, mais attention à certains messages un peu trop propres à encenser la révolution (il en va de même en sens inverse bien entendu). Il faut ici se rappeler que le contexte historique de sortie du film était de fêter le bicentenaire de cette révolution qui avait, aux dires des responsables de 1989, éclairé le monde.
Après moultes pétitions, TF1 a sorti le film sous forme de deux DVD le 11 juin 2009. Succès immédiat. Quoi de plus naturel ?
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